La presse communiste se déchaîne

Noël 1948 : un procès médiatisé

Arrive la période du procès. Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, ce ne sont ni ses écrits antisémites, ni ses excès de plume qui lui seront reprochés. Il n’en n’est que peu fait état dans l’acte d’accusation, alors que Robert Brasillach sera condamné à mort et exécuté le 6 février 1945, lui aussi au Fort de Montrouge, pour bien moins que cela.

La presse, principalement communiste —mais on sait qu’à la Libération, les communistes ont fait main basse sur la quasi totalité des journaux français— se déchaîne.

En voici quelques extraits :

Le Parisien Libéré du 21 décembre 1948, page 6 (avec photo)

Metteur en scène d’un film antimaçonnique, le cinéaste Paul Riche comparaît en Cour de justice

Ex-acteur, journaliste, metteur en scène et scénariste, le cinéaste Jean Mamy, dit « Paul Riche » a comparu hier devant la Cour de justice présidée par M. Didier. Il est inculpé d’intelligence avec l’ennemi.

Entré dans la franc-maçonnerie en 1933, il y avait conquis le grade de « vénérable ». Ce qui ne l’empêcha pas de devenir, en 1941, un des plus farouches anti-maçonnistes de l’époque. Il collabora au Pilori, puis à l’Appel et mit en scène le fameux film Forces occultes dont il écrivit également le dialogue et que les occupants subventionnèrent.

Adhérent au P.P.F., il eut en outre -et c’est surtout ce qu’on lui reproche- une activité policière telle qu’on le rend responsable de quatre exécutions. Quatorze résistants furent déportés par sa faute. Six d’entre eux, dont le beau-frère de Pierre Hervé, moururent dans les camps d’extermination.

L’accusé estime qu’il n’a pas « trahi la France en travaillant avec les Allemands ».

N’écrivait-il pas dans l’Appel, en 1940 : « Nous sommes pour l’Allemagne, donc pour l’Europe, donc pour la France... »

Partisan d’un national-socialisme, il avait pour devise : « Tout pour le peuple, rien par le peuple. »

Un complice comparaît à ses côtés : Jean-Louis Decan.

L’Aurore France Libre du mardi 21 décembre 1948, page 6

Jean Mamy, délateur cynique devant la Cour de justice

Paul Riche, dit Jean Mamy est un des plus singuliers personnages qu’on ait jamais vu comparaître en Cour de justice. Il n’est pas cynique, il est tranquille. Il n’est pas odieux, il est naturel. Une sorte d’impudeur paisible dans un corps gros, gras, gris, avec des gestes larges qui semblent dire : « Oui, j’ai dénoncé ; ben voyons, c’est tout simple !… »

Sa carrière n’est pas moins surprenante. Il est tour à tour journaliste, acteur, metteur en scène, scénariste, monteur de films, producteur de cinéma, syndicaliste et vénérable de loge maçonnique. Il collabore à La Flèche de Bergery et au Pilori. Il produit un film sur les Forces occultes qui mènent le monde à la société judéo-capitaliste ; il entre en rapport avec la SS par Bernard Faÿ et, à partir de ce moment, commence pour lui une activité de dénonciateur et de mouchard qui ne prendra fin qu’à la Libération. Parmi ses victimes : le beau-frère de Pierre Hervé et notre collaboratrice Louise Weiss qui voit disparaître dans une perquisition ses papiers politiques les plus précieux et n’échappe elle-même que de justesse à la Gestapo.

Vous voyez le genre. Jean Mamy est le type même du sycophante, du délateur professionnel qui ne voit rien d’abject à son hideux métier .

Un rapport médical, d’ailleurs contredit par d’autres experts, lui accorde cependant une responsabilité atténuée.

Quarante témoins sont cités à l’audience et le procès occupera toute la semaine. C’est dire si les dénonciations furent nombreuses.

Dans le box se trouve un autre accusé, un certain Jean Decan, résistant arrêté et qui, sous la pression, dénonça lui aussi un malheureux qui fut déporté et ne revint pas. Me Georges Estienne assure sa défense tandis que Me Pierre Leroy aura la lourde charge d’éviter le poteau qui menace Mamy. Le cas de l’infirmière Louise Fabres (qui indiqua à Mamy où se trouvaient les papiers de Louise Weiss) a été disjoint.

A.C.

Combat du 21 décembre 1948, page 6

Producteur de films antimaçonniques et dénonciateur de nombreux résistants, Jean Mamy prétend avoir été mandaté par le Dr Ménétrel et l’amiral Platon

Depuis que siègent les Cours de justice et que les traîtres y défilent, on n’en a peut-être jamais vu qui se défendent à la manière de Jean Mamy, alias Paul Riche, 44 ans. Au physique, une sorte de géant adipeux, au moral, une sorte de docteur Petiot de la délation. Son procès, commencé hier, durera deux jours encore. Cela promet.

L’accusé avait fait avant la guerre des débuts prometteurs dans la mise en scène et la production de films cinématographiques. En 1942, il devait mettre ses qualités tech-niques au service d’une bande antimaçonnique intitulée Forces occultes pour laquelle les Allemands lui versèrent une indemnité de 1.200.000 francs. Mais s’il n’avait fait que cela ? Pour 6.000 francs par mois, il possédait bureau et secrétaire à l’Hôtel Lutétia. Dans cet emploi d’informateur de l’ennemi, il devait donner toute satisfaction à ses maîtres.

Ancien « Vénérable » de la franc-maçonnerie, il se spécialisa dans les questions maçonniques. Ce fut pour suspecter ou « donner » ses anciens confrères.

Quand on lui reproche quatorze morts ou déportations de patriotes, l’accusé lève les bras au ciel et s’écrie: « Que voulez-vous ! J’avais un travail, il fallait bien que je le fasse. Ce n’est pas pour rien qu’on m’avait donné un bureau et un service. On fait du renseignement ou on n’en fait pas. D’ailleurs, il y avait d’autres agents beaucoup plus importants que moi ».

Mamy qui signa au passage un certain nombre d’articles vengeurs dans « le Pilori » et dans « l’Appel » a laissé de tragiques souvenirs dans la région lyonnaise où, venu en mission en 1942, il n’hésita pas à contacter de nombreux résistants.

Nombreux seront de Lyon et d’ailleurs les victimes ou les veuves de victimes qui viendront en témoigner.

« J’étais mandaté », prétend l’accusé, « par le Dr Ménétrel et par l’amiral Platon ».

Mais l’interrogatoire n’est pas fini. On apprend que Mamy envoyait au général allemand Wentzell une sorte d’annuaire personnel de la ville de Chambéry (sa ville natale) où il prenait soin de relever soigneusement les noms des gaullistes et des antifascistes.

«  Je me bornais uniquement », disait l’accusé au début de la première audience, « à lutter contre le communisme ».

Les débats qui ne s’achèveront pas avant mercredi soir se poursuivront cet après-midi.

Le Figaro du 21 décembre 1948, page 2

Pol (sic) Riche en Cour de justice

Pol Riche – alias Jean Mamy – était traduit hier en Cour de justice, pour ses diverses activités durant l’occupation.

Journaliste, il publia dès 1940, dans le Pilori, bon nombre d’articles qu’il signait sous le pseudonyme de J-M Renan, en souvenir, fort peu reconnaissant, de la loge maçonnique Ernest Renan, à laquelle il avait appartenu.

Cinéaste, il réalisa le film Forces occultes, qui servait la propagande ennemie, et, fait beaucoup plus grave, l’accusation lui reproche d’avoir livré des maquisards.

« Pendant quatre ans », dit-il, avec gloriole, « j’ai fréquenté toute la colonie allemande de Paris. J’avais un ausweis et des laisser-passer délivrés par des SS. Pourtant, je n’ai été qu’un petit agent, chargé de recherches politiques et plus tard… policières. »

L’Humanité du 21/12/1948, page 4

« Nous fascistes français, nous demandons le poteau pour les chefs du maquis » écrivait Mamy en 1943. Le dénonciateur avoue cyniquement ses crimes devant la Cour de justice.

C’est un être répugnant qui comparait devant la Cour de justice. Cet ex-espion nazi pousse le cynisme jusqu’à insulter ses victimes, les patriotes qu’il a livrés.

Jean Mamy, dit Paul Riche, dit J-M. Renan, collaborait, avant la guerre à La Flèche, journal de Bergery.

En septembre 1940, il entre au Pilori où, bien qu’ancien « vénérable » de la franc-maçonnerie, il écrit de violents articles anti-maçonniques et antisémites. Il écrit aussi dans l’Appel et dans La France Socialiste.

En 1941 et 1942, il participe à la réalisation du film Forces occultes, pour lequel les services de Goebbels versèrent 1.200.000 francs.

Après les écrits, les actes : Mamy devient agent de renseignement du SO allemand.

Mamy avoue avoir participé directement à l’arrestation de dix-huit patriotes, dont quatre ont été exécutés et six autres sont morts en déportation.

Après avoir capté leur confiance, il s’introduisait dans certains groupes de résistance et les livrait aux Allemands.

Il a agi ainsi en Savoie, à Lyon, à Bordeaux, dans la région pari-sienne. Il avait réussi à connaître Jacques Noël, secrétaire général du Front Uni de la Jeunesse Patriotique. Mais le jeune patriote se méfie et « coupe » avec Mamy. Le 6 juin 1944, ce dernier aperçoit Noël Place Jussieu. Il fait arrêter le jeune homme qui, après avoir été torturé, est déporté en Allemagne où il meurt peu après.

À Bordeaux, Mamy rencontre un résistant nommé Dufour et le livre à la Gestapo. Dufour est déporté à Dachau où il meurt. « Dufour était communiste », dit Mamy pour sa défense, « il faisait partie de la catégorie de résistants que Vichy m’avait permis de poursuivre. »

Nous y sommes. L’anticommunisme va être le fond de la défense de Mamy.

« Les actes que j’ai commis : les uns sont volontaires, les arrestations de communistes, je les ai voulues ; les autres m’ont été imposés par les circonstances. »

Et ce traître puant qu’une expertise médicale présente comme ayant une responsabilité diminuée, doit payer ses crimes. Rien ne doit sauver celui qui écrivait en 1943 : « Nous, fascistes français, nous demandons le poteau pour les chefs du maquis. »

Combat du 22 décembre 1948, page 6

Jean Mamy : « Je ne me sentais pas dépaysé à l’intérieur des services allemands »

Jean Mamy, alias Paul Riche, a continué à étonner hier les jurés de la Cour de justice. Il s’exprime comme font professionnellement les agents simples ou doubles lorsqu’ils sont aux prises avec la justice de leur pays. Il parle de ses « couvertures », de ceux qui l’ont « couvert ». On connaît ce langage. Mais il en ajoute.

« Je ne me sentais pas dépaysé », dit-il, « à l’intérieur des services allemands. On m’avait indiqué la voie ». « Vous êtes utile. » « J’avais accepté. C’est dans mon tempérament d’aller jusqu’au bout. C’est une question de caractère. »

Quand l’accusé parle de « on », la question « qui? » surgit à la fois de la présidence et du ministère public.

« Celui qui m’a conseillé, c’est un témoin qui viendra tout à l’heure », s’écrit l’accusé, « C’est M. Richard de Grandmaison. Nous nous sommes connus au Pilori ».

De longs quarts d’heure d’audience passent sur le même ton et voici après des témoins d’une toute autre valeur morale, le curieux M. Richard de Grandmaison. Le témoin ne peut nier qu’il ait comparu devant une Cour de justice, mais il proteste qu’il n’a pas été condamné.

«  Je venais tout droit », dit M. de Grandmaison, « de l’O.R.A. Je suis un officier du Deuxième Bureau. Avec deux de mes camarades, on m’avait dit : « Restez à Paris en enfants perdus ». Dès que l’ennemi fut là, mon principe fut d’intoxiquer au maximum sa propagande en travaillant avec lui. C’est à ce moment que j’ai rencontré Mamy qui voulait à tout prix jouer un rôle. »

Cette longue audience a pris fin par des dépositions émouvantes de veuves et d’amis de victimes des dénonciations de Mamy. Aujourd’hui, réquisitoire, plaidoiries et vraisemblablement verdict.

L’Humanité du 22/12/48, page 4

Le procès Mamy

Jean Mamy, ce dénonciateur qui a dix-huit cadavres sur la conscience a continué hier devant la Cour de justice sa « défense » hypocrite, visqueuse et faite en entier des plus infâmes théories nazies et des calomnies anticommunistes et anti-démocratiques les plus éculées. Pendant plusieurs heures, Mamy a parlé, souri, fait des gestes, des courbettes, des parenthèses.

Au hasard des phrases, on pouvait relever ceci :

« Cette armée allemande qui se conduisait si correctement (…) Je ne me sentais pas dépaysé à l’intérieur des services allemands (…) moi, vénérable, président d’atelier dans une loge maçonnique, j’en étais venu à haïr la maçonnerie responsable de la défaite, et je voulais que ses membres paient cette responsabilité. Quant aux communistes, je les haïssais depuis longtemps (…) Bien sûr, j’ai emboîté le pas avec capillarité (…) Il s’agissait d’être plus nazi que les nazis eux-mêmes afin qu’ils aient entièrement confiance… »

Les précisions ne sont pas son fort. Mais au travers même de ses considérations verbeuses sur les « divergences de vues » entre les traîtres de Vichy et ceux de zone Nord, il apparaît sans le moindre doute possible que Mamy a passé le plus clair de son activité à faire arrêter des résistants qu’il livrait lui-même aux SS.

Mamy savait que ces arrestations se terminaient toujours par la mort ou par la déportation. aussi est-il permis de s’étonner que le président ne l’ait pas appelé à un peu plus de pudeur lorsqu’il s’est permis de déverser des insanités sur ses propres victimes, les résistants, dont beaucoup étaient des communistes et luttèrent dès le premier jour de l’occupation.

«  J’étais l’appât, j’ai appâté », répond Mamy lorsqu’on lui reproche l’arrestation de quatre jeunes de Clamart, Hervé et Henri Golaudin, Pierre Sarrigue et Jacques Laudige. Réponse atroce quand on sait que les quatre héros, membre du Front Uni de la Jeunesse Patriotique furent retrouvés, affreusement mutilés, dans un terrain vague de Châtenay.

L’un des premiers témoins se nomme Richard de Grandmaison. Il fût, durant trois semaines, rédacteur au Pilori, sur l’ordre, parait-il, du 2ème Bureau. Ensuite, il rejoignit un maquis de la Nièvre. «  J’étais couvert par lui », affirme Mamy. Le témoin s’emporte et dément. Le traître, cette fois, perd son impudente faconde.

Le frère d’une des victimes de Mamy ne dit que quelques mots : « Je sais que l’accusé essaye de justifier ses actes par anti-communisme. Ceci n’est en aucun cas une excuse. De plus, mon frère n’était pas communiste. Nous étions tous, simplement, des résistants. »

De nombreux témoins, parents d’autres victimes, viendront aujourd’hui à la barre. Quel autre verdict qu’une peine capitale pourrait en tout cas terminer ce procès d’un monstre de la trahison ?

L’Humanité du 23/12/1948, page 6

Mamy le tortionnaire accablé par tous les témoins

Hier, au procès Mamy, l’audience a été consacrée entièrement à l’audition des témoins.

Venus de tous les horizons sociaux et philosophiques, ils ont accablé celui qui, non content d’avoir dénoncé des dizaines et des dizaines de patriotes, a participé à leurs tortures.

La veuve du général Michaud, lequel était âgé de 70 ans, est venue dire comment son mari a été envoyé par Mamy à Buchenwald où il est mort. Sur une carte murale, le général tenait à jour les progrès des armées soviétiques. « Comme tous les bons Français, il se réjouissait de cette avance. C’est pour cela que cet homme l’a dénoncé. »

« Comme je refusais de donner des renseignements après mon arrestation », déclare M. Borel, « Mamy m’a frappé jusqu’au sang avec un nerf de bœuf. Il visait les yeux, comme les SS. »

Jeannine Noël, veuve de Pierre Noël, secrétaire général du Front Uni de la Jeunesse Patriotique, explique comment Mamy lui fit l’énumération des tortures infligées à son mari.  Devant l’horreur d’un tel récit, voici ce que répond le monstre : « leur organisation avait l’air communiste ». Pas une parole humaine, pas l’ombre d’un repentir, pas même le silence de la honte.

C’est ensuite notre ami Pierre Hervé qui vient à la barre. Il parle de son beau-frère, Pierre Noël, avec lequel il avait pris rendez-vous le jour même où il devait être arrêté.

« Pierre Noël était chargé de la diffusion de Libération. Il n’était pas communiste, mais dans nos organisations de résistants il s’agissait de faire l’union de tous les vrais Français […] Personne ne saurait mettre en cause le patriotisme de tous ceux qui payaient de leur personne, quelque soit leur opinion. »

Les yeux chargés de haine, Mamy, qui a dû, à Fresnes, puiser des citations dans les actuels journaux anticommunistes, ose alors tenter une impudente digression belliciste contre l’Union Soviétique. Cette fois, le président Didier le rappelle vivement à l’ordre.

Les témoignages ne se termineront qu’aujourd’hui. Mais d’ores et déjà le jury a pu se faire largement une opinion sur les crimes du monstre qu’il a à juger, monstre qui n’a rien appris et rien oublié et qui ne relève que des douze balles du peloton d’exécution.

Combat du vendredi 24 décembre 1948, page 6

Mamy: Le commissaire du gouvernement
demande la mort

On ne connaîtra que ce soir le verdict de la Cour de justice sur l’affaire Mamy.

C’est plutôt les affaires « Mamy » qu’on devrait dire. Tant cet agent zélé des basses œuvres de l’ennemi avait multiplié délations et filatures.

Les derniers témoins ayant été entendus, le commissaire du gou-vernement Agnès a consacré la plus grande part de l’après-midi à évoquer les activités de Jean Mamy, à le suivre de la rue des Saussaies allemande jusque dans les Pyrénées-Orientales, d’une part, à Lyon et en Savoie d’autre part, toujours à l’affût d’une nouvelle trahison, d’un nouveau rapport « circonstancié » à faire à l’occupant.

Tout cela et toutes les morts de patriotes qu’une telle attitude en-traîna ont conduit l’avocat de la République à demander la mort.

L’Humanité du 24/12/48, page 4

La peine de mort demandée pour Mamy

Hier après-midi, après l’audition de deux témoins qui ont échappé par une chance extraordinaire aux arrestations de Mamy, le commissaire du gouvernement Hagnès a prononcé son réquisitoire.

« C’est la première fois », a-t-il dit, « que je vois une affaire aussi chargée de crimes. »

Et il s’est livré à une longue énumération, bien souvent émou-vante, parfois poignante, des tortures, des dénonciations, des arrestations commises par Mamy.

« Tout, jusqu’à sa défense, laisse apparaître sa traîtrise et sa lâcheté. »

« Alors qu’il a fait déporter des bénédictins, un général, des étu-diants, il a répondu : « C’était des communistes que Vichy m’avait chargé de traquer. »  Et s’il y avait des communistes, c’était au même titre que les autres des Français, des résistants, des patriotes. »

« Mamy mérite mille fois la mort à laquelle vous le condamnerez. »

Jour de Noël 1948
Jean Mamy est condamné à mort

L’Humanité du 25/12/1948, page 4

La mort pour Mamy

Jean Mamy, alias Paul Riche, mouchard au service des nazis, alias J-M. Renan, a été condamné à mort par la Cour de justice de la Seine, au terme d’un procès où il étala son cynisme et sa lâcheté. Son complice, Decan, s’en tire avec 15 ans de travaux forcés.

Mamy avait livré à la Gestapo plusieurs dizaines de patriotes dont quatre ont été exécutés et six sont morts en déportation.

Son avocat, Me Leroy, qui fut chef du contentieux au Com-missariat aux Affaires Juives, a bien tenté de faire jouer une soi-disant irresponsabilité de son client. Mais ça n’a pas pris.

La lecture du verdict a laissé Mamy complètement indifférent.

France Soir du samedi 25 décembre 1948,
édition F, page 1

Jean Mamy dénonciateur de résistants, condamné à mort

Jean Mamy, connu avant la guerre sous le nom de Paul Riche comme producteur de cinéma, a été condamné à mort cet après-midi par la cour de justice. Il avait dénoncé de nombreux résistants pendant la guerre.

Son co-accusé Decaen a été condamné à quinze ans de travaux forcés

.Combat du Samedi-Dimanche 25-26 décembre 1948,  page 8

Jean Mamy est condamné à mort. Quinze ans de travaux forcés à son « adjoint » Jean Decan

Quand le jury de la Cour de justice est revenu avec le verdict de Jean Mamy, on a vu l’accusé se raidir dans un ridicule garde à vous d’obèse, et tous les muscles de cette face perdue se tendre assez laidement, sans doute pour mimer la sérénité des héros et des victimes. Mais seules les grandes causes ont le pouvoir de conférer la sérénité.

C’est le président qui est impassible lorsqu’il lit ce texte très court qu’il sait déjà par cœur :

« Oui, à la majorité à la première question. » « Oui, à la majorité à la deuxième question. »

C’est la mort pour ce traître qui parlait trop bien.

On rapporte, comme « par la même occasion », le verdict du pâle adjoint Jean Decan. Quinze ans de travaux forcés pour avoir faibli sous les questions de Mamy, et l’avoir assez vilainement secondé.

Ceux qui croient que Mamy est parti sans dire son mot se trompent. Avant que le jury ne se retire, il avait « présenté ses excuses aux familles de ses victimes », ajoutant qu’il avait « obéi à son chef du deuxième bureau », certain témoin Richard de Grandmaison.

Les peines accessoires de la dégradation nationale et de la confiscation des biens ont été, ipso facto, prononcées contre l’ex-cinéaste et son complice des jours mauvais

Le Figaro du 25/26 décembre 1948, page 2

Pol (sic) Riche est condamné à mort

Après la plaidoirie de son défenseur, Me Pierre Leroy, Pol Riche a fait une brève déclaration : il a obéi, dit-il, aux ordres qu’il avait reçus et ne se considère pas comme un traître. Il souhaite enfin que les Français ne se déchirent plus entre eux.

À l’issue d’une courte déli-bération, la Cour de justice pro-nonçait la peine de mort et infligeait 15 ans de travaux forcés à Jean Decan, complice de Pol Riche.

Le Figaro du 25/26 décembre 1948, page 3

Jean Mamy est condamné à mort

Le procès du cinéaste Jean Mamy, ancien agent de la Gestapo qui s’était rendu responsable de plusieurs déportations de patriotes dont certains ne revinrent pas d’Allemagne, a pris fin hier.

Jean Mamy a été condamné à la peine de mort et à la dégradation nationale.

La Croix du 27 décembre 1948, page 4

La peine de mort pour le cinéaste Mamy,
devenu agent de la Gestapo

La Cour de justice de la Seine a rendu son verdict dans l’affaire Jean Mamy, dit Paul Riche, ce cinéaste devenu pendant l‘occu-pation agent de la Gestapo.

Mamy a été, conformément au réquisitoire du commissaire du gouvernement, condamné à la peine de mort, à l’indignité natio-nale, à la confiscation de ses biens.

Le Monde du 27 décembre 1948

Après avoir entendu la plaidoirie de Me Pierre Leroy, la cour de justice de la Seine, présidée par M. Didier, a condamné à la peine de mort Jean Mamy, ce cinéaste devenu, sous le nom de Pol Riche, rédacteur à l’hebdomadaire le Pilori, et qui s’était mis à la solde du service allemand de renseignements. Jean Mamy avait ainsi provoqué l’arrestation et la déportation de nombreux patriotes.

Jean Decan, qu’il avait arrêté et qui avait alors accepté de devenir son agent, a été condamne à quinze ans de travaux forcés.