Rencontre avec Vincent Auriol

Extrait du blog de Pierre Sarlat publié le 26 février 2011

Pour des raisons que j’ignore, Vincent Auriol vint à Bouloire en fin de soirée dans l’hôtel particulier de mon grand père Maire et médecin, il resta sur le seuil, j’étais assis à la grande table de la cuisine, et spontanément je lui demandai s’il était était Mamy (ou mamie).

Ce mot me vint spontanément, peut être avais-je prononcé mamie, ce qu’il n’apprécia guère, ayant compris qu’il s’agissait de Jean Mamy qui avait été  le dernier fusillé de l’épuration, sous sa présidence, franc-maçon comme lui, et sous leur pression il ne fut pas gracié, Jean mamy avait réalisé « Forces Occultes », film de propagande vichyste sous le pseudonyme de Paul Riche.

Il faut se souvenir qu’un enfant n’a pas de sens social adéquat et donc le titre d’ancien Président de la IVème République ne lui dit rien du tout , il le prend pour un interlocuteur quelconque, une personne ordinaire sans position sociale particulière, cette dernière jugeant cela d’une façon tout aussi déplacée, dans un véritable dialogue de sourds . Je pensais que cette personne s’était égarée.

Le poids d’une certaine culpabilité semblait peser sur Vincent Auriol du fait de cette condamnation à mort, et je lui fis considérer que selon les Dix Commandements il est affirmé « tu ne tueras point », ce qui l’agaça et il tenta de justifier la mort de Jean Mamy en affirmant que cela ne venait pas de lui, j’en rajoutai en disant qu’il en suffisait d’un …

© Pierre Sarlat