Mon cher maître,
Depuis votre visite nous avons réfléchis. D’après nos renseignements : il n’y a pas de précipitation dans le dossier. Tout est dans la norme.
Puisque je dois me défendre jusqu’au bout, je voudrais que vous précisiez au président de la République que :
- Si j’avais eu le moindre doute sur le non-retour ou les mauvais traitements des prisonniers envoyés en Allemagne, jamais je ne me serai associé à des arrestations ou des déportations. C’est parce que nous avions l’assurance formelle qu’ils étaient bien traités que nous avions consenti à une neutralisation. Pour ma part, je n’ai absolument pas de responsabilité dans aucune exécution. Jamais je n’ai voulu et exercé de violence sur quiconque. Si j’ai donné tous renseignements sur les affaires dont je m’étais occupé, c’est parce que j’avais la persuasion absolue que tous allaient revenir.
- Si j’avais cru, ce faisant (mais j’étais couvert par cinq services français) que je commettais un crime, je n’aurais jamais commis ces actes. C’est avec une entière bonne foi que j’ai obéi aux ordres.
Je vous répète mes « couvertures ».
- Richard de Grandmaison
- Amiral Platon (Dr Menetrel)
- Bernard Faÿ (et Marquès Rivière)
- Gueydan de Roussel
- Commissaire Richard
On ne pouvait être avalisé plus officiellement par Vichy que je l’étais.
Je ne suis donc nullement un agent allemand mais un Français mis sur ordre dans les services allemands.
J’ai retrouvé quelques indications concernant l’activité de Richard de Grandmaison. Je vous en parlerai mercredi.
Ma famille est très courageuse. Moi, je ne sais plus. Ce n’est pas à nous de décider ce qui est le mieux pour nous, de partir ou de rester. Mais il est certain que Dieu, qui veut notre bien, ne nous impose pas d’épreuves inutiles. Tout est salutaire pour celui qui prétend obéir au principe d’Amour.
Croyez mon cher maître à mes sentiments mille fois reconnaissants.
J. Mamy