JR à JM (48/12/10)

 

Vendredi 10 décembre 1948
23 heures

Mon chéri,

Si j’ai un jour des démêlés avec la justice, je prendrai Flo pour avocat. C’est un type épatant. Je l’ai vu ce soir. Avons parlé longuement. Il veille sur nous. D’autre part, il verra Leroy dès demain pour l’amener à réduire sa demande à 50, chiffre sur lequel je me suis, pour toi, déclarée d’accord. J’estime que c’est raisonnable. Je verserai demain 25 à Leroy. Tu me diras si tu peux lui faire verser les 25 autres. Sinon, je prendrai envers lui l’engagement de les lui verser un peu plus tard. Voilà !

Pour le reste, je veux que tu saches que je t’aime beaucoup, sans te préoccuper d’en connaître les raisons. Saches aussi que je ne redoute pas la nuit de Noël. Je n’ai pas peur du tout. Je crois au Père Noël ! Et puis j’ai confiance en toi.

Tu m’as dit que tu n’avais rien fait de mal. Je n’entendrai pas autre chose. C’est pour cela que je ne craindrai pas, quand il le faudra, d’assister aux débats (qu’on me conseille pourtant de ne pas suivre). Me prendrait-on pour une petite fille ?

J’ai téléphoné à ton ami du Bd Saint Martin, et continuerai à le tenir au courant. Il m’a très gentiment offert de voir Leroy pour lui parler de toi. J’ai aussi mis un mot à ton camarade des livres qui, actuellement, n’est pas à Paris.

Je t’ai envoyé aujourd’hui un mandat de 500 francs. Dis-moi si tu as d’autres besoins ?

J’oubliais de te dire que j’ai vu Leroy hier. Il m’a fait très bonne impression. Il se proposait d’aller te voir dimanche ou lundi.

J’ai reçu ta lettre hier matin. C’est un peu vrai que toutes ces mauvaises choses dont tu me parles ne m’intéressent pas beaucoup. Moi, je n’aime que le coin du feu, les fauteuils de velours vert, et les heures où l’on ne pense à rien.

Tu veux bien que je t’embrasse très fort ?

JR