Au Pilori, 17 janvier 1941 (Paul Riche)
Monsieur,
Nous n’avons pas l’honneur de vous connaître personnellement. Si nous ne vous connaissons que par votre journal, dont nous étions les assidus lecteurs.
Nous avions, en leur temps, suivi avec intérêt les efforts techniques que vous avez déployés pour capter instantanément les nouvelles des quatre coins du monde.
Grâce à vous, nous avions l’impression d’être en contact avec l’univers entier.
Un univers bien tourmenté ! Que de crimes en étalage ! Que de voleurs en vedette ! Que deux nations hostiles à la France ! Que d’alliés généreux et babillards !
C’était votre univers ! Celui que vous nous décriviez cette fois par jour, dans vos sept éditions successives.
Parmi vos collaborateurs, vous aviez rassemblé les plus grands noms français et étrangers : des ministres, des académiciens, des reporters :
Léon Blum (Juif), Yvon Delbos, Hore Belisha (Juif), Henderson, André Maurois (Juif), André Chaumeix…
Votre équipe israélite était habile : Pierre Lazareff, Jules Sauerwein et les innombrables informateurs youpins plus ou moins anonymes.
Grand journal, Paris-Soir ! Tirage : 2 millions.
Nous croyons béatement, totalement, ce que vous imprégnez (oh ! Nous étions crédules !).
Vos Israélites Anglais nous ont dit que l’Angleterre était l’ami de la France. Nous l’avons cru.
Vos Israélites allemands, que l’Allemagne était terrorisée par une bande. Nous l’avons cru.
Que Hitler était un barbare, un Attila. Nous étions poussés à le croire. Vous l’imprimiez puissamment. Vous étaliez des détails en apparence véridique.
Vos Israélites français proclamaient, focalisaient que les forces morales, spirituelles et matérielles étaient du côté des Démocraties. Nous étions bêtes, mais nous avons cru cela aussi.
Vous nous avez surtout dit que notre armée était prête ; notre ligne Maginot invincible ; nos chefs, compétents ; nos soldats, enthousiastes ; nos ex-amis anglais loyaux ; que la France était un pays libre ; que les Français étaient les maîtres chez eux ; et que le racisme n’existait pas.
Qu’en regard, l’armée allemande était désorganisée, rudoyée, inférieure à la nôtre en qualité d’armes, en moral, en dynamisme ! Sur le point de succomber à la famine ! Au blocus ! Privée de pétrole et de matières premières ! Et que, désespérée, elle se montrerait inutilement cruelle, sauvage, sadique !
La sensibilité de votre public s’aiguisait à la lecture de votre feuille. Les Allemands ! Nous les avions pris à tel point pour des massacreurs, et la panique a saisi des millions des nôtres quand leur armée a crevé nos faibles digues de l’inexistante ligne de nos fortifications du Nord.
Six millions de lecteurs de Paris-Soir se sont enfuis sur les routes, qui croyaient à l’épouvantable, à leur mort immédiate, à la destruction de Paris, à l’emploi des gaz, aux Huns !
À tous les racontars imbéciles de vos Israélites anglais, français, russes, tartare, papous !
De vous pousse-gogos !
Or, Monsieur, depuis cet été, ces 6 millions de lecteurs sont rentrés chez eux, par petits paquets, craintifs, hésitants, ne croyant pas retrouver leur toit, osant à peine coudoyer les troupes d’occupations.
Ils ont relu les anciens numéros de votre Paris-Soir datant d’à peine trois mois, d’avant la chute dans l’abîme.
Que de souvenirs sous nos doigts, Monsieur Prouvost ! Que exclamations sur nos lèvres !
C’est ça, votre information, votre presse, votre canard, votre équipe, votre usine à bobards !
Usine à mensonges ! À calomnies ! À pousse-à-la-guerre ! À paniquades ! À Maginotteries malgré ! À Anglichures ! À Démoglousseries ! À crachottages sur l’adversaire ! À Je-fous-mon-camp-sous-l’averse ! À Prouvoscations et trouille !
Vous êtes le plus sacré grand menteur, la fripouille la plus dégoûtante, le salopard le plus immonde, le criminel le plus infâme, la mentalité la plus excrémentielle, la fleur de cloaque la plus purulente, qui est jamais foulé le trottoir de gauche de la rue Montmartre, M. Prouvost !
Et nous nous maintenons ici dans les termes les plus délicats de la décence la plus respectueuse.
Quant à vos Juifs, ministres et académiciens, ce sont des « boniyoudimenteurs », de la haute pustule de Yite, des « Ord Belisha », des « Anglais-Maurois », des « Porc-Lazareff ».
Il n’y a en nous aucune haine contre vous, Monsieur Prouvost, aucune animosité.
Mais nous avons des comptes à régler froidement
on nous a appris l’autre jour une bonne nouvelle.
Il paraît que vous allez revenir à Paris, Monsieur Prouvost.
Vous vantez, par personne bien renseignée, de réintégrer votre repaire du 1er arrondissement.
Tant mieux, tant mieux, Monsieur Prouvost. Nous vous attendons. Nous irons même vous chercher à la gare.
Pour vous dire plus vite ce que nous avons sur le cœur Monsieur Prouvost.
Et nous en avons ! Plus que nous en pourrons dire ! Nous en avons tellement que cela nous étouffe ! Et que nous nous pourrons pas exprimer tant nos mots sont gros !
Par ce que, s’il ne s’agissait que de nous, M. Prouvost ! Mais il y a 2 millions de nos camarades, des lecteurs de Paris-Soir, qui sont sur la paille, dans les camps ! Il y a, en outre, 200 000 autres lecteurs de Paris-Soir qui, depuis cet été, pourrissent lentement dans la terre française glacée.
Cela fait un sacré syndicat de lecteurs de l’ancien Paris-Soir, n’est-ce pas Monsieur Prouvost ?
Alors ! Vous me comprenez bien ! Ce ne sont pas nos mots qui sont trop gros ! Ce sont nos poings qui n’en peuvent plus d’attendre ! Ce sont nos dents qui ont le goût de mordre.
Que voulez-vous ! Nous sommes nerveux. Cher Monsieur Prouvost !
Ce sont nos bras qui veulent se détendre et vous serrez à vous étouffer, ce sont nos poitrines qui ont besoin de faire éclater du mensonge sur elle, ce sont nos yeux qui veulent voir clair devant eux et ne plus rencontrer les bandits.
Revenez-nous vite, Monsieur Prouvost !
La terre a besoin d’engrais.
Un groupe de lecteurs de l’ex-Paris-Soir
pour copie conforme
Paul Riche