Le peuple a faim

Au Pilori, 21 mars 1941, signé Jean-Charles Marie, ses trois prénoms

Ces lignes s’adressent à ceux qui ne sont pas du « peuple », à ceux qui se sont mis volontairement, de leur propre initiative, hors du « peuple » :

Les bourgeois, les repus, les arrivés, les égoïstes, les Vichyssois, les inspecteurs des finances, les polytechniciens, les hauts gradés, les conseillers nationaux, les anglophiles, les attentistes, les mous, les indifférents, les inactifs, les galonnés incapables, les fonctionnaires arrivistes, les sectaires, les aigris, les prédicateurs de tous dogmes (laïques ou magiques), les bien-pensants, les milliardaires, les Juifs, les meneurs professionnels, les agents de De Gaulle, de Churchill-Street, de Ralingrad, de New-Porc-Hebraishland, les intermédiaires, les marchands noirs, les fils à papa, les stratèges de café, les bavards, les mouchards, les scribouillards aux ordres.

À ceux qui ne vivent pas de leur travail, mais qui vivent du travail quotidien des autres, de ceux qu’universellement on appelle : le peuple.

Le peuple à faim.
Les peuples ont faim.
De quoi ont-ils faim ?

Pas de leurs illusions, de leurs souffrances, leurs engourdissements démagogiques d’hier, bien sûr !

Ils ont faim de réalité ! De clarté ! De vérité ! De justice ! De mieux-être moral !

On ne vit pas que de manger et boire. On n’aspire pas au seul confort, à la paix béate et bourgeoise dans un « home » de roman ! On ne désire pas que le repos.

On peut aussi ne peut vouloir que le travail, ne plus aimer que le mouvement ne plus vivre que pour produire.

Les peuples ont faim de mouvement.

Ils ont faim de se mouvoir seuls, de rejeter loin de les empêcheurs de s’entraider, de travailler en rond.

Les empêcheurs de manger à sa faim aussi : les Américoquins et les Angloutisseurs, les Chuifs, les gavés, maîtres du blocus.

L’Europe a faim d’être l’Europe. La France de la zone occupée a faim d’être la France tout entière, de repousser les Vichyssois et les Juiffus dans leur néant, de se rétablir dans une dignité, un ordre, une justice qui balaiera toute la pourriture judéo-parlementaire, toute l’abjecte bureaucratie capitaliste, toute la jésuiterie, tout le désordre qui nous prive du pain quotidien de notre activité.

La France a faim et soif de se retrouver entre gens du peuple et de quitter cette défroque bourgeoise, cet habit ridiculement étriqué, ce costume de carnaval bancaire, ce masque de spéculateur juifs qu’elle porte depuis le régime des assignats de Law, depuis que l’Angleterre nous inocula le Juif et la « maçonnite ».

Ce peuple qui a faim de travail, faim de netteté, faim de joie ne peut être rassasié par les décrets quotidiens de Vichy.

On ne nourrit pas un peuple avec des déchets de constitution, des lambeaux de bureaucratie, de la déliquescence d’autocratie.

On ne peut pas nourrir un peuple de mieux-être moral, quand les nourrisseurs sont eux-mêmes des pillards, de petits bandits.

Faim de pain, de viande, de peur, huiles, de tous produits qui sont en abondance dans notre Afrique du Nord et que les cent-huit bateaux français saisis par la valetaille anglaise auraient dû livrer dans nos ports, s’il s’était trouvé un amiral pour commander la flotte dès le premier jour, et un homme qui engage le Maréchal dans la voie de la fermeté vis-à-vis de la youtrerie américaine et anglaise.

La France a faim d’être un peuple, d’être défendue contre ceux qui veulent la ruiner définitivement, contre les goulus d’argent, Juifs, américains, anglais et capitalistes français, contre ceux qui ne parlent de notre empire que pour le piller, le livrer, l’échanger, le morceler et s’en repaître.

La France a faim d’être délivrée de ses tyranneaux, de ces petits joufflus benêts, de ces ex-potaches : Bouthillier , Dumoulin  et patati, qui s’imaginent être des constructeurs impérialistes, et qui ne sont que les sous-lieutenants du régime de l’Or, incapables d’attirer sur eux le regard d’un seul honnête ouvrier, d’un seul père de famille, d’un seul paysan, d’un seul français.

Le peuple a faim, faim, faim ! Il lui faut manger, non seulement le pain qu’on lui refuse, non seulement les victuailles dont l’Angleterre et Vichy le privent, mais manger le pain de justice auquel il a droit.

Car la suprême honte de Vichy consiste n’avoir rien fait pour rétablir l’ordre vrai.

À n’avoir puni aucun coupable : ni Mandel, ni Daladier, ni Lebrun, ni Blum, ni Raynaud, ni les 900 parlementaires responsables, ni les chefs militaires incapables, ni les traîtres, ni les agitateurs.

Tous les criminels sont en place et en sécurité.

Le peuple a faim, non de vengeance, mais d’équité. Aujourd’hui tous ceux qui travaillent en France regardent tout ce qui profite avec des yeux affamés.

Et, un jour prochain, le géant peuple se jettera sur la caste parasite qui l’affame, qui le prive de tout, de ce qu’il faut pour le ventre, de ce qu’il faut pour l’esprit, de ce qu’il faut pour avoir l’âme et le corps tranquilles.

Un peu de nourriture et beaucoup de salubrité.

Et le géant peuple mangera à sa faim de géant.

Jean-Charles Marie