Abel Bonnard et Vauquelin à Wagram

Au Pilori, 3 juillet 1941, signé P.R?; initiales de Paul Riche

Vauquelin donnait, samedi dernier à Wagram, sa deuxième conférence, intitulée : « Richesses de la France ».

L’orateur, qui fut le premier, ici, à conclure, il y a quelques mois, malgré les protestations, en faveur de « la nécessité historique d’une victoire allemande », établit le bilan de la défaite :

Cette défaite nous apporte —si on veut y réfléchir— des avantages considérables, entre autres : l’obligation de créer et de donner. Alors que nous dépendions du monde d’outre-Manche et d’outre-Atlantique, nous nous intégrons maintenant dans une Europe constructive, qui produira pour elle-même et ne demandera rien à personne.

L’armistice de juin 1940 est à la fois une paix et une guerre. Une paix, car on entrevoit à travers lui une Europe définitive où l’idée de revanche est supprimée ; une guerre, parce qu’il faut continuer la lutte pour notre propre compte, défendre nos colonies, nous organiser à l’intérieur, récréer la nation.

Le peuple de France le sent obscurément puisque, malgré ses tiraillements sentimentaux, il doute moins de son avenir maintenant qu’avant cette guerre.

La preuve de ce sens profond du renouveau de la nation est trouvé dans le fait que l’indice de natalité remonte. Alors que nous étions en déficit depuis de longues années, en 1940-41 nous sommes en augmentation de 8%.

Notre tâche est de maintenir au-dessus de tout l’unité française contre toutes les dissidences, d’où qu’elles viennent. Elles ne viennent pas toutes du côté anglais. La France est Une derrière son chef : Pétain. Tout ce qui est contre Pétain est dissident.

Les richesses de la France sont immenses. Ni notre sol, ni notre sous-sol n’ont été exploités à fond. Quant à notre Afrique, elle fut toujours sous l’emprise du capitalisme international qui nous empêcha d’y toucher.

Et de citer des chiffres :

Notre production était moindre de 20% en 1939 qu’en 1913. Pourquoi cet arrêt dans notre travail ?

Notre exploitation de l’Afrique atteignait 15% des possibilités.

Dans notre seule vallée du Niger, il est possible de cultiver des céréales, délever du cheptel correspondant au quart des besoins de l’Europe.

Les ressources minières du Congo sont énormes. Le bassin de Konakri est, à lui seul, plus important que la totalité des bassins européens.

Mais ces mines sont cédées à des firmes américaines. Voilà pourquoi Roosevelt Guigne Dakar.

L’orateur cite quelques faits scandaleux montrant la façon dont les intendants militaires ont appauvri nos stocks.

En pleine guerre, on a dénaturé neuf millions d’hectolitres de vin, trente millions de qintaux de blé, etc…

Nous possédons, d’autre part, sur notre sol, suffisamment de pétrole identifié pour nous alimenter pendant de longues années. Donc pas de problème de carburant en France.

Vauquelin conclut en faveur d’une collaboration totale, souhaitant que cette collaboration soit présentée par des nationaux authentiques et non par des politiques arrivistes douteux.

Abel Bonnard , qui avait bien voulu présider la conférence, apporta la conclusion avec son esprit cinglant et fin :

L’Allemagne nous a vaincus, mais elle ne nous gouverne pas. L’Angleterre ne nous avait pas vaincus, mais elle nous gouvernait.

Nous avons trop de vanité et pas assez d’orgueil. La vanité donne envie de paraître, l’orgueil, envie d’être.

Il faut être ambitieux pour la France.

P.R.