On voit depuis deux ans reparaître peu à peu, dans la presse parisienne, d’étranges signatures. Tout un groupe maçonnique qui se vantait autrefois au Grand Orient ou à la Grande Loge d’être l’équipe de tête antifasciste, prolibérale, socialiste à la manière de ces revendicateurs anarchistes, qui ne savent conduire le peuple que dans l’ornière de la révolte, a soudain tourné casaque et se précipite vers la collaboration, prétendant être de toute éternité dans la tradition européenne.
Halte-là ! Ces Messieurs trois points étaient européens quand l’Europe était sociale-démocrate, en passe de devenir communiste. Aujourd’hui, leur passé, leurs écrits anciens, leurs proclamations leur interdisant de se réclamer de l’Europe totalitaire.
Mais pourquoi, par une faveur des plus curieuses — leur est-il permis d’exprimer tout haut leur attachement à la défunte maçonnerie, leur dépit contre les décrets du Maréchal qui a interdit l’activité de la secte ?
C’est un ancien ministre de l’intérieur qu’on vit en loge donner de pénibles explications sur la manière dont il fit fusiller le peuple français, ministre enjuivé s’il en fût, homme politique de caoutchouc, ami des Polacco, cent fois giflé, cent fois vomi, cent fois hargneux et réapparaissant, comme le barbet de Faust, dont le bouc souillé dégouttait de fange satanique, qui ose affirmer publiquement qu’on « a eu tort d’attaquer la maçonnerie ».
D’autres, maçons authentiques ceux-là, écrivent à longueur de journée dans des feuilles qui devraient s’intituler : « républicain posthume ». Il est plaisant de lire la prose marxiste, courroucé, humanitarisme de ces Messieurs, dont le cordon bleu de maître est encore rangé dans l’armoire, prêt à servir à la moindre résurrection maçonnique.
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Et vive la République par-ci, le suffrage universel par la ! Tous leurs propos sont dirigés, non pas contre Vichy, dans ce qu’il a anglophile ou de vétuste, mais contre le nationalisme français au nom du socialisme marxiste. Car, pour ces Messieurs, qui se disent tant européens par ailleurs, le plus grave danger serait de voir renaître en France un courant de mystique nationale qui permettrait à un chef de rétablir la hiérarchie des idées, des cadres et des traditions. Ces messieurs socialistes, ne le sont qu’à condition que le régime soit égalitaire, libertaire, et que l’autorité qu’ils réclament soient complaisante pour leur bande de Comitards et ses intérêts particuliers. Ils ne souhaitent la République que pour conserver leur ex-fromage. Ils ne réclament la liberté de pensée que pour user et abuser de la liberté de séduire le peuple. Ils ne sont socialistes qu’à condition d’être les bergers habilités de ce qu’ils considèrent comme un troupeau de moutons.
Libre à eux de croire encore à des utopies funestes. On se rappelle leurs discours secrets, leurs confidences murmurées dans les antichambres symboliques, leurs conférences antifascistes annoncées dans le Bulletin hebdomadaire. Ils n’étaient pas collaborationnistes hier, ces antiques hitlériens forcenés, ces rageurs antitotalitaires qui, au bras des juifs, poussaient le peuple français à la frontière en lui montrant l’ennemi à croix gammée. Ils n’étaient pas patriotes, non plus, car ils ne défendaient dans les loges et dans les comités que le républicanisme d’importation judéo-anglaise.
Et aujourd’hui, se prétendant collaborationnistes, ils osent affirmer encore leur indéfectible attachement à la défunte maçonnerie, protester contre les décrets qui n’atteignent que la malfaisance sans vraiment attaquer les malfaiteurs.
Comment concilier leur soudaine volonté de collaboration européenne, et leurs promaçonnisme actuel ? Comment peuvent-ils se déclarer prêts à un nationalisme socialiste et réclamer des droits pour le drapeau trois points !
En vérité, ils sont de mauvais collaborationnistes. Ils ne le sont même pas du tout.
Car qui collabore avec l’Allemagne, collabore avec le parti nazi. Or, nos ex-maçons n’ignorent pas que l’Allemagne nationale-socialiste, tout comme l’Italie fasciste, a fermé les loges et dispersé les maçons. Le libéralisme —dont la maçonnerie était le refuge— n’est plus de mise dans la nouvelle Europe. Donc, si nos ex-maçons veulent collaborer, il faut que, non seulement ils cessent de défendre la vieille institution triangulée qui prétendait à la fraternité universelle ou autres utopies, sous l’égide de la Société des Nations, mais qu’ils luttent contre toute renaissance de l’esprit de la secte. En sont-ils capables ? Le veulent-ils ? Collaborer est attaquer le Juif, le libéralisme, le maçonnisime, la démagogie égalitaire, l’esprit républicain sous toutes ses formes, dans le passé, comme dans l’avenir. La collaboration, pour qu’elle soit utile, ne doit pas être seulement économique, voire militaire — mais aussi et surtout politique. Ah ! Nos francs-maçons veulent être collaborationnistes ! Eh bien qu’ils commencent à brûler ce qu’ils ont adoré, à jeter bas les symboles fameux de l’hermétisme libertaire, à se discipliner pour retrouver l’obéissance aux traditions ancestrales. Il en est dont le passé est si lourd qu’ils ne peuvent que disparaître de l’estrade publique. Il en est d’autres dont on aimerait entendre le désaveu de leur faute, lire le repentir écrit de leurs erreurs, la décision de reconnaître nationale.
Le Maréchal, quoi qu’on en pense dans certains milieux, représente sans discussion possible le symbole de l’unité française retrouvée. S’il a voulu dissoudre la maçonnerie, ce n’est pas par plaisir personnel, pour persécuter des innocents, mais pour frapper les cadres démocratiques coupables d’ignorance ou d’oubli de nos vertus ethniques. Protester contre les décrets, c’est faire œuvre de révolte contre l’entité française, contre le mythe spirituel de notre terroir, contre notre renaissance, contre l’âme celtique et latine, contre la France.
Protester contre les décrets c’est aussi être parjure à la collaboration, s’attaquer à l’esprit totalitaire de la nouvelle Europe, nier le nationalisme et le socialisme constructif. C’est précisément faire le jeu du Juif, du communiste et de l’Anglais.
Paul Riche