JR à JM (49/03/07)

 

Lundi 7 Mars 1949
23 heures 30

Mon chéri,

Un tout petit mot de rien du tout. Seulement pour te dire bonsoir. (Tu sais d’ailleurs si bien lire entre les lignes que tous mes mots n’ajouteraient rien à ce que tu veux entendre). Bonsoir. Je t’aime infiniment.

J’ai bien travaillé hier. Mais aujourd’hui, je me suis consacrée à mes deux patrons. J’espère faire quelques pages demain, puis jeudi, vendredi, samedi. J’irai le plus vite possible. Mais je ne pense pas en avoir terminé avant une quinzaine de jours.

Bien reçu, ce matin, ta lettre du 4. Je pense remettre à Leroy, avant samedi, les 15 demandés.

Faute de temps, je n’ai pas pu poster ton petit mandat aujourd’hui. Je le ferai demain.

On me rapporte du Palais une nouvelle qui, tout en ne nous concernant pas, me parait une bonne nouvelle : un condamné à mort de juillet 48 (responsable de 3 morts, dit-on) vient d’être gracié. Je m’en réjouis. Pour le gracié d’abord. Et puis pour nous ensuite. Il y a de l’espoir.

Je tombe de sommeil. J’ai encore attrapé un bon rhume. Et j’ai très mal à la tête. Je pense à toi qui dois avoir très froid. Et cela m’est bien plus désagréable que mon mal de tête.

Bonsoir, Mon chéri. Je t’embrasse très fort.

JR