Samedi 5 Mars 1949
22 heures
Mon chéri,
Vu Leroy tout à l’heure. Emballé sur la dernière ponte (Lui. Pas-moi —Mais pour vous faire plaisir à tous les deux, je vais me dépêcher d’y travailler. Il parait d’ailleurs que ça va me « passionner ». Le crois-tu, toi ?).
En rentrant de Fresnes, hier soir, il a reçu un coup de téléphone de Mr Janvier —dont il t’avait parlé— ensuite de quoi il lui a, aujourd’hui, envoyé une note de 3 pages, dont il te communiquera la copie. Il paraissait satisfait de cet entretien téléphonique, et continue à avoir bon espoir.
J’ai reçu, ce matin, ta lettre du 3. Pas drôle ! Tu ne me parles que du bouddhisme, et —sur la dernière ligne— tu « m’embrasses comme il n’est pas possible ». J’aimerais, moi, qu’il soit possible que tu m’embrasses. Mais, puisque tu le souhaites, je ne m’ennuierai plus.
Je vais rechercher le bouquin désiré.
Et, pour la prochaine visite de Leroy, je vais vérifier E. de R. (Je crois, qu’en ce qui me concerne, c’était à peu près au point).
Je ne t’écrirai pas plus longuement ce soir. Je ne veux pas te raconter en détail tout ce que j’ai à faire, mais crois bien que je ne prends pas une minute de repos. Je veux, ce soir, mettre en ordre le linge de Frédéric pour pouvoir, demain après-midi —dans la mesure où il me laissera libre— me consacrer à toi.
Je t’aime très fort.
JR
J’ai téléphoné ce soir à ta mère pour lui donner quelques nouvelles. Je voudrais bien disposer d’un peu plus de temps pour la voir davantage. Mais, vraiment, en ce moment, je n’ai pas une minute à moi. Elle m’a paru très bien le comprendre. Son moral était excellent, et elle était de parfaite humeur et pas du tout cafardeuse.
Je tâcherai de me rendre libre à la première belle journée, pour lui donner rendez-vous au Jardin des Plantes où nous pourrions bavarder un peu en promenant Frédéric.
J’ai aussi téléphoné ce soir à Géranton. Il te dit un amical bonjour, et est heureux de constater « l’atmosphère actuelle » qui est, pour nous —dit-il— bien meilleure.