JM à JR (Fresnes 49/02/18)

 

Vendredi 18 février 1949

Ma chérie,

Deux mots vite avant de me coucher. Je suis très coupable. Je voulais t’écrire longuement ce soir. Et je tombe de sommeil. Et j’ai froid. Tu as été sacrifiée à un tas de pages d’écriture qui te donneront un jour beaucoup de travail.

Comme demain il n’y a pas de courrier, que dimanche j’écris à ma mère, tu n’auras pas de gentillesses avant lundi (mais je promets une lettre consistante avec des histoires légendaires —une lettre pour Yseut ou Héloïse— ou telle héroïne que tu voudras ayant suscité le plus grand amour).

J’ai bien reçu tous tes petits mots. Toi aussi tu es bousculée par le travail. Tu vois.

Suis de très bonne humeur. Tout va très bien ? Les événements ont l’air bons. On sent que l’atmosphère change. On me dit aussi qu’ils sont si bousculés au ministère par les nouveaux projets qu’ils n’ont pas le temps d’examiner les dossiers.

Écris-moi tout ce que tu penses. Et plus encore.

Je t’embrasse beaucoup plus que tu l’imagines.

J.