Samedi 25 décembre 1948
Noël
Mon chéri,
Tu m’avais promis un beau Noël ! … ? Et sans doute, avais-tu raison. Mais oui, tu avais raison !
C’est la première fois, depuis des années, que je reçois un baiser si tendre et que je sens, à nouveau, autour de mes épaules, tes deux bras me serrer contre toi.
Oui, c’est un beau Noël !
Mon chéri, le verdict a été dur. Il ne m’a pas surprise. Je m’y attendais. Depuis toujours, je t’en avais prévenu. (Je ne suis pas de celles qui dissimulent la vérité. Tu n’es pas de ceux qui ne peuvent l’entendre) Tu me croyais. Tu avais raison.
Aujourd’hui il faut me croire avec plus de certitude encore : nous obtiendrons ta grâce.
Ne t’en préoccupe pas. Et ne pense plus à cette méchante affaire.
Écris-moi, Mon chéri. Écris-moi tout ce que tu regrettes de ne pas m’avoir assez dit mais que je n’ai cessé d’entendre. Écris-moi, d’avance, tout ce que tu me diras quand nous nous retrouverons.
Je t’embrasse, Mon chéri. Tu devines avec quelle force et quelle tendresse.
JR
Ta mère doit t’écrire aujourd’hui. Tu sais qu’elle est très courageuse et tu peux compter sur moi pour ne pas l’abandonner à sa solitude.
Je ne manquerai pas de me renseigner lundi, pour savoir si on peut t’envoyer de l’argent pour la cantine, ou autres choses (mais, j’en doute pour ce dernier point)