JR à JM (48/12/28)

 

Mardi 28 décembre 1948

Mon chéri,

Tu m’avais promis trois lignes, la semaine dernière.

Tu m’as complètement oubliée.

Là, tu es gravement coupable. Qu’ai-je fait, moi, pour subir cet abandon ? Veux-tu bien vite réparer et m’écrire une longue page. Je devine d’ailleurs qu’elle est déjà en route et que, bientôt, je pourrai te lire.

J’ai eu de tes nouvelles par ton Avocat. Nous organisons ton sauvetage. La mer était déchaînée. Nous n’avons pas pu éviter le naufrage. Mais les vents ont tourné. Nos canots sont solides, nos marins habiles et prudents. Et déjà on aperçoit la rive.

Patience, Mon Chéri. Je commence maintenant à espérer très fort.

Et la meilleure preuve c’est que je ne crains pas de te dire : « Bonne année, Mon Chéri ». Je suis sûre qu’elle nous réservera un grand bonheur. Un grand bonheur d’abord, et ensuite beaucoup d’espérance, et la certitude de jours heureux.

Gros gros baisers.

JR

Ne manque pas de me dire ce que tu désires que je t’envoie comme argent, régulièrement. Je me sens toute désemparée de n’avoir plus de colis à te faire et je ne cesse de penser à toi qui dois manquer de tout.

Je dors tout près de toi.

JR