JR à JM (49/01/17)

 

Lundi 17 janvier 1949
21 heures

Mon chéri,

J’ai appris, cet après-midi, au Palais, le rejet de ton pourvoi. Ce n’est pas une surprise. Nous nous y attendions. On ne m’avait pas laissé espérer long délai.

Je viens de téléphoner à Leroy qui me dit t’avoir vu cet après-midi. J’ai très bon espoir pour ton recours. Je suis décidée à remuer ciel et terre pour vaincre ce dernier obstacle et j’ai eu ce tantôt, à ce sujet, une conversation intéressante. Fais-moi confiance. Et dors tranquille. Je suis tout çà de bien plus près encore que tu penses. C’est que j’y tiens, moi, à ce que tu sois gracié. Et toi aussi, tu y tiens. Ne serait-ce que pour employer tout le temps qui te restera à vivre à me choyer et me rembourser de toutes les dettes de tendresse que tu as contractées envers moi.

Sais-tu bien que je m’ennuie très fort et que si je n’avais pas l’espoir que tu reviendras un jour —un jour assez prochain— un très prochain jour— je n’aurais plus du tout envie de vivre. J’aimerais mieux mourir tout de suite. Mais j’ai bon espoir. Je suis sûre de ne pas me tromper. Et je sais tellement que nous nous aimons si fort que j’envisage l’avenir —même à tes côtés— sans aucune crainte. Tu vois combien je suis sûre de toi et de moi.

Je t’embrasse, Mon chéri, aussi fort que tu le désires, aussi tendrement que tu le souhaites, aussi longtemps que j’en ai envie.

Je t’embrasse jusqu’à demain matin.

JR

J’ai mis aujourd’hui à la poste un mandat de 500. Mais surtout, réclame, si ce n’est pas suffisant.