JR à JM (49/01/20)

 

Jeudi 20 janvier 1949

Mon chéri,

Un tout petit mot pour te dire que j’ai bien reçu mardi, ta lettre de dimanche (qui s’est croisée avec les miennes).

Je me démène pour toi comme un diable et je veille sur toi comme un ange. Je me propose de téléphoner bientôt à Me Leroy pour coordonner nos efforts et agir au mieux. Mais rien ne presse. Le dossier commence sa course. Mais le chemin à parcourir est long. Il mettra plus d’un mois à parvenir au but. Nous avons donc tout le temps qu’il faut pour préparer l’accueil que nous souhaitons.

Et tu auras tout le temps de finir ta tragédie antique sous masque moderne (et de me l’expliquer, car, jusqu’à maintenant, je n’y comprends pas grand chose).

Et le temps de finir mon scénario second Empire. Pas mal le scénario, encore que j’eusse préféré qu’il ne s’y mêle aucune scène moderne, aucune fausse identité (j’ai horreur des fausses identités) et pas de scènes de studio. Mais tout çà est… (j’allais dire commercial)… assez plaisant. Ça peut faire un très bon film, et même une très bonne pièce. (« l’Invitation au château » d’Anouilh n’est pas moins fantaisiste et a longtemps tenu l’affiche, et la tient encore, je crois, à l’Atelier.).

Je n’ai pas vu le petit bonhomme cette semaine, mais je lui ai téléphoné ce soir et le verrai dimanche.

Ce soir, je vais vite me coucher. Je tombe de sommeil. Je vais tout de suite m’endormir. Je voudrais ne me réveiller que le jour où je te trouverai à côté de moi.

Je t’embrasse, Chéri. Fort fort fort

JR