Lettres de Jean Mamy à son avocat

En décembre 1948, quelques jours avant son procès Maître René Floriot, l’un des plus grands ténors du barreau de Paris qui l’avait assisté depuis son incarcération en septembre 1944, s’est désisté, très probablement suite à des pressions émanant de la franc-maçonnerie.

C’est l’un de ses collaborateurs, Maître Pierre Leroy qui a pris la relève et qui a assuré sa défense dans les conditions difficiles qu’on imagine, puis qui, après sa condamnation à mort le jour de Noël 1948, a tenté un pourvoi en cassation rapidement rejeté et s’est ensuite occupé de son recours en grâce auprès de Vincent Auriol, Président de la République qui la refusa la dernière semaine de mars 1949.

J’ai retrouvé quelques unes des lettres que Jean Mamy lui à écrit entre janvier et mars 1949; pour contribuer à sa demande de recours en grâce.

Le document le plus important, daté du 17 janvier 1949, est composé de 7 feuillets manuscrits recto-verso et contient les « Arguments à faire valoir pour le retour en grâce » que Jean Mamy veut mettre en avant.

Les autres lettres disponibles sont :

  • Lundi 17 janvier : « si ma famille n’était pas là, je considérerais comme un honneur indispensable de rejoindre au plus tôt mes camarades. Ceci n’est pas goût de suicide. Il n’y a plus de place pour des hommes désintéressés dans une pourriture matérialiste. »
  • Jeudi 3 février : « Il me semble depuis quelque temps que je suis à cent mille lieues du procès […] Les pays ont quelque fois des accès de fièvre chaude. Je souhaite que la France officielle retrouve bientôt sa raison. »
  • Dimanche 20 février : « Être condamné à mort oblige à regarder le monde avec des yeux moins vifs, pour explorer d’autres domaines plus intimes. »
  • Mercredi 2 mars : « toute cette gauche socialiste dite révolutionnaire, qui n’est faite que de petits appétits sectaires, soucieux de garder sa place d’asticot dans le fromage parlementaire »
  • Vendredi 11 mars  : « Évidemment, si l’on en croit les apparences, on peut se dire : je n’ai plus que soixante jours à griffonner. Après… C’est un autre cycle. »
  • Jeudi 17 mars : « Comment vous expliquer le sentiment du condamné ? Il est si complexe. Pour celui qui a dépassé le stade de la souffrance, l’épreuve n’est rien. Mais il apparaît juste de vaincre la bêtise animale des persécuteurs »
  • Dimanche 20 mars : « Si j’avais eu le moindre doute sur le non retour ou les mauvais traitements des prisonniers envoyés en Allemagne, jamais je ne me serai associé à des arrestations ou des déportations. »
  • Mercredi 23 mars : « Il fallait me fusiller plus rôt. Hier, c’était la Justice républicaine. Aujourd’hui ce serait brutalité. La semaine prochaine : assassinat. »
  • Samedi 26 mars : «  pour ma part, je suis dans la pleine sérénité. Jamais je n’ai été aussi calme et délivré. »