Vendredi 11 Mars 1949
Mon chéri,
Je travaille comme un ange. Comme un plaisir. Comme quelqu’un que ça n’ennuie pas du tout.
Rien de nouveau. Rien d’important à signaler. Tu as d’ailleurs vu ce matin Me Leroy qui t’aura tenu au courant de la marche du dossier. Si, de mon côté, j’ai quelques précisions, je te les communiquerai. Je suis de plus en plus sûre que la décision sera favorable. Et le jour n’est peut-être pas si éloigné où tu pourras, toi-même, mettre en scène mon scénario Second Empire. Où en est-tu ? À la scène du bal ? À la promenade en calèche ? Au premier baiser ? À la fête de nuit dans le parc ? Ou au défilé des Grenadiers ? Je suis tellement sûre que tu saurais faire un adorable film, si tu voulais bien y penser un peu. Fais-le. Ne serait-ce que pour délaisser un peu Miliciens et F.F.I., et garder quand même tes deux pieds sur la terre.
Je te dis bonsoir, Mon chéri. Mon patron, retour de Bruxelles (une journée et une nuit seulement, hélas !) vient de me téléphoner pour m’inviter à être demain au bureau à la première heure. Je ne vais donc pas tarder à me coucher. Frédéric dort depuis longtemps. Il est magnifique.
Je t’envoie un baiser de lui. Et je t’embrasse très très fort.
JR