À la cravache

Au Pilori, 24 janvier 1941 (Paul Riche)

Il y a des gens qui s’imaginent que Jésus était un doux !

Je me permets de parler librement sur ce thème, et sur le temps qui me plaît, étudiant soir et matin les Évangiles jusqu’à plus soif.

Un doux, Jésus ?

Avec les humbles oui ! Avec les petits, oui ! Avec la foule affamée ! Avec les malades ! Avec les gosses ! Avec les Marie-Madeleine ! Même avec Judas ! (Qui a eu le courage de se punir lui-même. Prenez-en de la graine, youtres et francs-maçons !)

Mais avec les pharisiens ?
Mais avec les Juifs ?
Mais avec les marchands du Temple ?
Tous les trafiquants du spirituel !

Les gros, les pontifes, les hauts grades, les 200 familles d’Hébreux, les trusts de l’époque, les salauds crépus qui lapidaient tout ce qui n’adorait pas l’or ! (Mangez-le donc, votre Veau ! Salomons !)

Jamais cravache ne fut manie plus vigoureusement ! Jamais pareilles insultes ne furent lancées à la face du mensonge.

Jamais on n’entendit de semblables malédictions :

–   la ruine des repus de matière,
–   la déchéance des médicastres et des magiciens,

Avec des mots précis : Serpents ! Race de vipères ! Sépulcres bourrés d’os de macchabées et de pourri !

Nous sommes loin des verbosité démagogique de nos prophètes républicains.

On ne flattait pas le peuple là-bas !
On se battait.
Contre le Mal.

Aujourd’hui comme alors, le chrétien n’a pas fini de se faire les muscles : contre les crabes ! Contre les crapauds ! Contre De Gaulle ! Contre Vichy ! Contre la laïcité ! Et aussi contre les cagots ! Contre la judéo-sacristie et contre la judéo-loge !

Car nous qui savons que la vie est ascendante à travers le temporel, nous avons l’immense reproche à faire à l’Église, qui mêle indéfiniment spirituel et temporel, d’être enjuivée, maçonnisée ! d’œuvrer dans le vide mondain ou démagogique ! de se tortiller à Vichy ! de converser avec le Juif, de le protéger, de le mettre sur le même plan que l’aryen.

Il y a linge propre et linge sale, âme neuve et âme souillée, loyauté et façade.

Si certains chrétiens ne s’étaient pas encroûtés dans la béatitude mystique, dans le conformisme de bénitier et de confessionnal, dans les complaisances politiques tortueuses, nous n’en serions pas là !

Nous n’aurions pas besoin de lutter contre le communisme matérialiste, parce que nous aurions fait une communauté.

Pas besoin de lutter contre les trusts parce que nous aurions contraint les riches à partager.
Ni contre la maçonnerie, cette prétendue lumière qui ne vit que dans l’ombre.
Ni contre l’Angleterre, parce qu’un chrétien ne fume pas, ne boit pas de whisky et ne piétine pas l’univers de ses godasses vernissées dans le sang.
Ni contre le Juif, parce que le judaïsme aurait claqué comme un cauchemar idiot.
Ni contre les « lumières » qui rédigent L’ Œuvre, en s’imaginant qu’encadrer des saletés
sur Drumont entre deux couplets dithyrambiques sur Zola et Pelletan, ça ne se voit pas!

L’ Œuvre devrait changer le titre et s’appeler : L’Autruche !

Moi ? L’ Œuvre 41 ! De gauche antifasciste ? Point du tout : je n’ai repris le programme maçonnique que par habitude, mais le patron et pour la collaboration. Foi de « Caméléon » !

À ! Que n’ai-je la poigne du Christ pour asséner des verges !

Il y a des coups de pied au néo-laïque qui se perdent.

Paul Riche