Nous clouons au pilori : Marc-Astral Rucart

Au Pilori, 7 février 1941 (Paul Riche)

Il y a des gars qui sont nés coiffés.

D’autres présentent, dès l’enfance, et pour toujours, les signes les plus incontestables du crétinisme obtus.

Le sieur Rucart est de ces derniers. La persévérance avec laquelle il s’est obstiné à manifester la plus crasse bêtise est phénoménale.

On ne s’aurait trouver, dans la IIIème République, de type plus raffiné de l’abruti parlementaire, de l’obséquieux valet de Loge prêt à toutes les sales besognes, du Domestique-Ministre de la plus incommensurable nullité.

Vers 1923, après quelques scribouillages style collégien-boutonneux dans des feuilles de chou locales du Loiret et de l’Aisne, où il professait le royalisme, notre Rucart, sur conseil intéressé, endosse une casaque tricolore pour se faire battre à Épinal au Conseil d’arrondissement.

À force de trifouiller le gogo et de lécher les bottes radicales-socialistes, il se hisse à la députation en 1928.

En même temps, Arriviste-Rucart avait trempé sont nez dans la Maçonnerie : la pire : la théosophique, celle des Hauts Barboteux du Droit Humain (Loges mixtes) ; les nuageux du Symbolisme Ésotérique !

Frère Rucart monta rapidement les échelons triangulés de la Boutique. Quelques années plus tard, il était 33ème, membre du Conseil national de cet obscurissime obédience.

C’est ici que l’Astral commence.

L’Astral ?

Tartempion-Rucart faisait partie de la Loge dite « le Comte de Saint-Germain », panier de magico-loufoques qui perdaient leur temps à « s’évaporer dans le mental ésotérique, à se parfaire dans l’ « Astral » (sic) .

L’Astral est cette région particulière de l’imbécillité, ou l’initié s’obstine à ne pas penser, où l’œil fixe de l’ignare s’arrête sur le point mort de l’abrutissement total, où on interroge les tables, les bouts de bois, les cure-dents, les hochets symboliques, et où on attend le fantôme, l’au-delà, l’ectoplasme, le craquement du meuble, le pet du dieu.

Tous les piqués de la théosophie se titillient l’imagination avec ces hurluberluficoteries.

Billenbuis-Rucart ne manqua pas de se précipiter dans cet ultime badaudissimérie.

Il en résulte des conséquences d’une ampleur effrayante.

D’abord le rapport sur les événements du 6 février. Pour du nettoyage astral, c’était bien fait ! L’affaire fut astralisée, dans les règles ! Quel étouffade !

Blum récompensa notre astraliseur et le nomma garde des Sceaux, puis ministre de la Santé Publique, en lui imposant un certain nombre de Juifs dans son cabinet donc un « schnock » du plus beau décati : le F :. Rodrigues, un autre astralitou, le prédicateur mortellement raseur, du « Droit de Vivre ».

Astral-Rucart allumait des bougies devant un Bouddha sis sur la cheminée ministérielle et faisait retirer son personnel stupéfié, avant chaque Conseil des ministres.

— Laissez-moi seul ! Je vais interroger l’Astral (sic).

C’est cet idiot qui faisait changer l’orientation de sa table pour « rester dans le flux magnétique vital ».

C’est ce périlleux trou-du-ministre qui se vantait publiquement, dans un banquet maçonnique, à Saint-Dié, de faire approuver au préalable, les listes des décorations de son ministère par les Obédiences maçonniques.

C’est ce scandaleux protecteur des youpins qui accorda, en tant que garde des Sceaux, un nombre invraisemblable de naturalisations.

C’est ce doux vaporeux qui, rencontrant chez Maxim’s des « femmes d’industriels » nées « Machinchovitch », les prenaient pour des visualisations extra-temporelles, jusqu’à ce que le commissaire du quartier vienne vérifier l’identité spéciale de la demoiselle immatriculée quelque part à la Préfecture.

C’est ce théosofoutre qui nommait sa théosofesse (une autre astraliseuse) : la S :. Éliane Brault (membre de la Loge Le Général Peigné-Adoption) secrétaire générale du Comité de l’Enfance. Ce ne fut que tout dernièrement qu’on expulsa de sa sinécure cet ectoplasmique  dame.

Aujourd’hui, Trou-du-Rucart s’est astralisé, paraît-il. On ne le retrouve plus à Épinal, ni nulle part. Les becs de gaz et les cordes ne serviront à rien là-bas.

Dommage ! Il doit faire beau dans l’astral.

Paul Riche