Athéisme Maçonnique

Au Pilori, 3 avril 1941, signé Paul Riche

Il nous arrive d’étranges nouvelles de Vichy.

  1. Carcopino aurait, paraît-il réparer des « erreurs » de M. Chevalier, qui avait commis le sacrilège de rétablir le mot Dieu dans les livres scolaires.
  2. Carcopino aurait remplacé cet abominable mot Dieu, ce détestable, c’est inutile vocable périmé, qui n’a plus cours, sans doute, dans aucune langue du monde, par des termes supérieurs en valeur, en profondeur, en étendue, en qualité : « valeurs spirituelles », la « patrie », la « civilisation chrétienne ».

Nous ne comprenons pas.

Voudrait-on insinuer par là que les valeurs spirituelles existantes d’elles-mêmes, l’Esprit-Dieu dont elles semblent découler n’existe pas ? Que le Christ-idée divine ne procède pas d’un Créateur-principe ? Que ces termes « spirituel » et « chrétien » ne relèvent que d’un code de morale civique ?

À quel argument a obéi M. Carcopino ?

Quel est l’ogre méchant qui a ordonné à M. Carcopino d’oter le mot Dieu des yeux de nos enfants ?

Que craint M. Carcopino ? Qui craint qu’il ?

L’opinion publique ? Le brouhaha des instituteurs sortis du laminoir de l’École normale ? Les foudres d’un Jupiter populaire ou bourgeois ? La réprobation des ectoplasmiques suppôts du Grand Orient ?

Veut-il éviter des rages de dents aux radicaux ?

Il est étonnant de constater à quel point nos ministres ont peur ! Et de qui ? Et de quoi ? Bon sang de Jéhovah !

Alors, parce qu’une ribambelle d’esprits médiocres contaminés par le virus laïque empêtrés dans des dogmes de Rousseau, dans les cocasseries de Darwin, en adoration stupide devant l’ « hypothèse » matérialiste, encanaillés dans la haine non seulement du cléricalisme (qui est odieux), mais de la métaphysique (qui est une nécessité absolue pour l’homme désireux de la plus minime vie spirituelle, pour un homme non entaché de primarisme, d’aveuglement modernico-scientifique), par ce que tous les instituteurs indignes de France et de Béotie ricaneraient, bavoteraient, chuchoteraient, tousseraient, s’esclafferaient, saboteraient, grinceraient des mâchoires, on enlève à nos enfants la notion primordiale du plus grand problème du monde, celui de la Vie vraie, de la Création de l’esprit, le Théos, l’éternelle Science ?

On demande un ministre qui ait le courage de considérer son métier comme une mission et non comme un mandat.

On demande un ministre de combat et non pas un fonctionnaire aux ordres de quelconques délégations d’universitaires, hantés par l’idée de créer une société de technocrates juifs.

Un ministre pour qui l’esprit polytechnicien soit subalterne, l’esprit normalien une basse méthode pour le gros œuvre de défrichement culturel, et l’esprit métaphysicien, le capital, le suprême.

Qui sache mettre les matières pédagogiques en ordre, les valeurs spirituelles à leur place et leur Cause au sommet.

Et qui ne soit pas aux ordres de ceux qui, s’étant toujours trompés, ayant tout gâché de leur patrie et de leur jeunesse, prétendent engager la France dans la voie d’un définitif nihilisme.

Car —qu’on ne peut se pas les épaules, qu’on ne nous réplique pas que nous voyons du Frère Trois-Points partout — M. Carcopino, à son insu ou sciemment, s’est conduit comme feu le F:. Combes.

Il a tout lâché, tout trahi, tout livré. Il fait la joie des petites sectes triangulées, des esprits faux qui depuis 40 ans et plus dansent sur les décombres de l’Église…

De cette admirable Église chrétienne qui a accompli l’un de ceux on ne s’était confié qu’il était la mission la plus prodigieuse qui ait été confiée à une organisation humaine dévouée au spirituelle, cette Église chrétienne qui a construit la France, ses rois, ses cathédrales et ses corporations, et qui a été le soutien sublime de nos efforts durant quinze siècles, imitant et dépassant en cela toutes les Églises et prêtrises aryennes, dont les œuvres, depuis les Brahmanes, jalonnent l’humanité de temples prestigieux, cette Église chrétienne qui, aujourd’hui, essoufflée par le poison juif qu’elle s’inocula, semble ne plus pouvoir manifester son développement, reculer devant sa tâche, s’alourdir par les compromissions humaines, se laïciser en se stérilisant.

Nous attendons encore la protestation d’un crédit un contrôle made in et attitude du ministre, chargé de défendre la spiritualité, qui ne peut même pas en affirmer l’énoncé du Principe !

Où est-il ce prêtre dont la voix s’est élevée contre la Nième intrusion du dogme matérialiste dans l’enseignement ? Ou est-il ce combattant religieux qui ait osé apostropher les ignobles petits clercs de la philosophie du doute, du rationalisme cartésien, de tout ce talmudisme benêt ? Où est-il celui qui ait frappé au visage ces prétoriens des poncifs révolutionnaires, dont l’ardeur ne s’échauffe que pour interdire aux autres l’accès du domaine métaphysique ou leur ignorance serait confondue ?

En termes volontairement véhéments, nous protestions l’autre jour contre la prétention de certains cléricaux d’enfermer à nouveau la jeunesse dans un dogme périmé, dans la lettre d’un christianisme qui, pour se manifester puissamment, a besoin de briser les rites et les stratifications de la forme. Il s’agit de bien autre chose à cette heure.

Une grande victoire maçonnique vient de se remporter au nez de l’Église, contre ceux qui ne défendent plus rien qu’eux-mêmes et leurs avantages matériels, trahissent la cause de l’Idée infinie dont ils ne sont plus les soldats, mais les médiocres bénéficiaires.

Osons le dire, le crier — ce pays est allé droit à sa ruine par manque d’action combative religieuse, d’inspiration réellement divine, d’idéal splendide non manifesté— par ce que l’Église a composé !

Et l’on continue à se taire et à craindre !

Cette France du XXème siècle serait-elle devenue à ce point juive, à ce point pourrie, inconsciente, dévoyée, flétrie, bourgeoise, capitaliste, polytechnicienne, primaire, qu’elle ne voit plus dans ce mot : Dieu, ce que le moindre petit peuple du monde sent intensément avec son cœur, avec ce sens irréprochablement intact de l’intuition supra-naturelle des Anciens ?

Toutes les nations de la terre, sauf, la France, ont un Dieu, un Dieu vivant ! Un Dieu-présence ! Un dieu raisonnable, attingible, exprimé, vivifiant, inspirateur, créateur, manifesté !

Les Japonais boudhistes possèdent une science divine qui, à travers la mentalité orientale, opère des prodiges. Les Hindous croient et savent dès l’enfance. Les Arabes se confient quotidiennement à la Sagesse suprême. Les Américains et les Anglais ont écrit des volumes sur les démonstrations infinies du « God », du merveilleux Principe bénéfique. À Oxford, à Boston, dans chaque village anglo-saxon on ne supplie plus, on ne se crucifie plus, on ne se masochise plus, mais on étudie, on comprend, on vit l’Existence réellement spirituelle, on entre dans la Connaissance. L’Allemagne est un des plus étonnants foyers du déisme mondial. Elle est le creuset où toutes les religions se fondent et se purifient pour rejaillir à nouveau en étincelle mystique, en ce dynamisme ardent qui donne à ses soldats, dont les ceintures portent avec éclat le mot « Gott » sur la boucle, la force de mener le combat contre l’éternel Veau d’or juif.

Les nègres mêmes, ces primitifs, ont un Dieu naïf, totémique, quelquefois en bois, quelquefois d’ondes magiques.

Il n’y a que la France, pays de bourgeois enjuivés, de petits anarchistes intellectuels, de buveurs de Pernod et de pêcheurs à la ligne qui n’est pas de Dieu, de Dieu officiel, de Dieu consenti.

On en rougirait, pensez donc ! Qu’en dirait M. Homais Du reste, pourquoi un Dieu ? Voyez ! Les chrétiens eux-mêmes ne défendent plus leur Théos ? Ils patientent, sous la férule de l’hypocrisie.

Eh bien ! Nous qui ne sommes pas prêtres, mais disciples, nous osons réprouver publiquement la tendance fâcheusement paniquarde de notre chargé de pouvoir, à qui il mission était donnée d’affronter les cuistres laïques.

Et qu’on ne vienne pas nous répliquer comme tel journaliste nocturne que « l’athéisme est une donnée sociale française ».

Ne confondons pas cet athéisme supposé avec la réprobation générale d’une conception limitée de l’Être suprême voulue par une certaine théocratie. Il y a suffisamment de par le monde de définitions acceptables du mot Dieu, du Théos qui, pour être immatériel n’en est pas moins le Principe, l’Esprit, l’Âme, le Centre, la Cause, le Créateur de Tout, l’éternité, le Mouvement, pour que nos objecteurs matérialistes acharnés soient inexcusables d’y contredire.

Nous ne voulons pas recommencer un combat ancien. Nous voulons continuer un combat où d’autres se sont rendus à l’ennemi : au néant du Dogme humain. Le christianisme n’a pas fini d’accomplir son œuvre totale. Il lui faut aller jusqu’au bout de son expression ultime. Cet accouchement d’idées ne supporte pas de compromis et ne ménage pas les timorés. Il se passera au contraire dans les luttes, les fièvres, les acharnements, les cris de rage et grincement de dents.

Paul Riche

P.S. — On nous signale, à la suite de notre campagne, des départs de Juifs. Un conseil aux autres : qu’ils préparent leurs bagages. De toute façon, le Juif partira de France, d’Europe et d’Afrique du Nord, dans un délai assez bref.

D’innombrables réponses nous sont parvenues. Nous avons pu encore les classer toutes. Pour des raisons impératives, devant rester les maîtres de notre action (strictement antijuive, en dehors de toutes tendance politique) et collaborer avec fruit à une épuration totale, d’accord avec les organisations existantes, nous avons décidé de suivre une méthode minutieuse, pour que, le jour venu, nous puissions agir efficacement. Que ceux qui nous ont écrit ne s’impatientent pas. Qu’ils nous fassent confiance et attendent notre convocation.