Au Pilori, 5 juin 1941, signé P.R. Initiales de Paul Riche
Il ne faudrait plus prendre les Français pour ce qu’ils étaient hier : des électeurs indéfiniment abusables et abusés.
Les politiciens se trompent quand ils croient que rien n’est changé dans l’esprit public. La défaite nous a débarrassés de nos préjugés, de nos hésitations, de nos contraintes. Il y a certains pièges démagogiques dans lesquels le peuple ne tombera plus.
Vichy, à la faveur de la défaite, a bâclé un régime de terreur rose, de profiteurs d’ancienne droite, de généraux incapables, de pseudo fascisme, contre lequel nous nous sommes élevés les premiers. Il n’est pas question ici de soutenir un instant les manœuvres de turpitude par lesquelles les trusts se sont renforcés, les hauts comités d’organisation détruisirent le petit et le moyen patronat, les syndicalistes sincères sont enfermé dans les camps de concentration avec les pires agitateurs, quand, d’autre part, ce même régime maintient en place les francs-maçons dans toutes les administrations et renomme à leur poste les maires du Front populaire parce qu’ils ont crié une fois : « Vive Pétain ! ».
Toute cette confusion, ces prébendes, ces anomalies, ces injustices vichyssoises sont à attaquer et à détruire.
C’est le grouillis politique des crabes qui s’agitent là-bas sous la personne du chef de l’État français.
Par contre, dans cette défaite totale, dans cette débâcle complète, nous avons retrouvé miraculeusement un seul élément sauveur que nous avions perdu depuis pas mal de temps : L’unité française en la personne du maréchal Pétain.
Les gens de la zone occupée ne peuvent comprendre réellement ce que représentent la personne et le symbole du Maréchal Pétain.
Dans cette France dite libre, qui est à la fois le refuge d’un gouvernement provisoire assailli de soucis et la poubelle de toute la racaille qui opère à visage découvert contre l’État nouveau, le Maréchal est l’honnêteté, la volonté de travail, la droiture, le salut.
Le jour où il rentrera à Paris, la capitale retrouvera avec étonnement le visage d’une France qu’elle n’a jamais connue. Car derrière le maréchal, il n’y a pas de vieilles gens, de sectes, de profiteurs. Ceux-là ne vivent que dans son ombre. Derrière le Maréchal, dans sa lumière, il n’y a que la jeunesse, celle qui va de trente à quinze ans. La réalité, l’avenir de la France sont là. On n’imagine pas ici la force suprême, totale, de cette entité française ressuscitée. Et c’est ce renouveau national, cette pousse vivante de notre race, le seul rameau qui conditionne notre futur qu’une clique de politiciens retors voudrait détruire sous prétexte de redresser la situation politique à leur profit.
Sous couleur d’opposer à des groupes capitalistes une construction populaire plus démagogique, intitule République, on mettrait bas l’unité française.
En déclarant lutter contre les trusts, le cléricalisme et la réaction, on déchaînerait à nouveau l’anarchie, l’irresponsabilité, les masses.
On détruirait l’œuvre du Maréchal. On songerait à la remplacer. On négligerait de continuer à rédiger les principes de la nouvelle constitution, d’en observer les principes, d’en assurer la continuité.
Nous ne marchons pas. Ni pour Vichy, ni pour Paris. Ni pour la droite, ni pour la gauche. Ni pour les pseudo fascistes, ni pour les pseudo nationaux-socialistes.
Nous sommes pour l’unité française, pour le Maréchal, pour la jeune France, pour la propreté, pour l’équilibre, pour la nation retrouvée.
Contre toute espèce de personnalité politicienne d’hier.
Car nous en avons assez des prébendiers du budget de l’Air, des magnats de la République qui veulent doubler leurs trois cents millions mal acquis, de ces manœuvriers qui tentent de pousser l’occupant contre me non-occupé et qui rêveraient —si cela leur était consenti— de faire de la politique intérieure avec des fusils étrangers.
Là-bas, caricature de fascisme. Ici, caricature de collaboration. En fait, manœuvre politique : gauche contre droite. Le jeu parlementaire continue.
L’Europe, elle, n’attend pas. Nous voulons collaborer loyalement, sincèrement, pleinement. Mais nous ne pouvons collaborer à l’Europe qu’en reconstruisant la France.
Dans cette France nouvelle, le peuple a toute sa place. On nous parle de république autoritaire. République ? Non, parce qu’irresponsabilité. Autorité ? Oui. Qui la détiendra ?
Un Comité ? Non.
Un Parlement ? Non.
La Banque ? Non.
Qui donc ?
Un seul chef, arbitre entre le peuple et les puissants et maîtres de Comités, du Parlement et de la Banque.
Sous le Maréchal, symbole de l’unité française, il faudra un chef unique, qui viendra à son heure, un chef qui ait le pouvoir effectif et absolu de lutter pour le peuple contre la domination de la Banque, des hauts grades maçonniques ou cléricaux, des sectes polytechniciennes, des comités politiques, de tous les despotes.
Un chef ! Un peuple ! Une France !
Unité française ! Pour que ce peuple puisse retrouver son équilibre, travailler avec joie dans l’ordre nouveau consenti et populairement protégé.
P.R.