Pan, sur le Maroselli !

Au Pilori, 6 juin 1941, signé Paul Riche

Nous avons reçu dans nos bureaux un drôle de pistolet.

Il s’agit du sénateur Maroselli.

Le sieur Maroselli venait nous prier —que dis-je— nous intimer très respectueusement son désir de voir rectifier nos accusations.

Le sieur Maroselli est physiquement du genre porcin, la tête grassement charnue, le cou volumineux, les fesses pleines d’importance, le ventre gonflé de choses intestines. L’air chafouins, mi-bistrot, mi-patron de maison discrète, un peu garçon charcutier, un peu commis-voyageur, il symbolise assez bien le comitard fessu, gonflé à bloc de mots creux, de bon-garçonisme et de saloperie à imaginer toutes les combines de canton et de couloirs du Sénat.

La gueule du sieur Maroselli est typiquement républicaine. Il n’y a pas plus médiocre, plus péteux et plus enflé.

Le sieur Maroselli, sénateur de je ne sais plus quel fouillis de cossus départementaux, agitait sa grosse petite personne devant notre directeur politique en bafouillant des vasouilletés :

— Vous comprenez, vous m’avez fait du tort, tout ce que vous avez dit, c’est pas vrai, na ! Et la preuve, c’est que j’ai cinquante témoins pour moi, na ! Et puis vous avez parlé d’une dame ! Oh ! Là ! Là ! Alors on a mis un nom sur la dame ! Oh ! Là ! Là ! (Tiens, pourquoi ?) Et le mari de la dame n’est pas content. Rectifiez, sinon, moi, Maroselli, foutre d’un petit cochon rose et gras comme ma propre hure, je vous obligerai à publier ma grande lettre, na !

Et de nous confier le précieux papier rituel que nous infligent généralement avec force menace nos protestataires, et que nous ne publions jamais, car nous savons ce que nous disons et à qui nous avons affaire.

Si j’avais plongé plutôt mon nez dans votre dossier, je ne vous aurais pas laissé sortir du bureau sans dommages. Le fond de vos culottes aurait porté la signature de mon dévouement à vous empressé.

Car, de quoi s’agit-il ? Comme disait Foch.

En l’espèce d’un de nos plus dégoûtants parlementaires et menteurs de la précédente législature.

Cet impudent personnage, niant avoir participé au Front populaire, se réclame aujourd’hui du Maréchal et prétend contribuer au relèvement de la France après avoir le plus poussé à la débâcle.

Voici nos documents :

En 1937, le sieur Maroselli se consacrait — à lui-même et à Jeanneney dont c’était la fête— un numéro entier de L’Union Démocratique de la Haute Saône alors qu’il venait d’être élu sénateur avec l’appoint total des voix socialistes et communistes. Dans l’éditorial, il se fait outrageusement flatter par son patron le F:. Jeanneney. Il se recommande des FF:. Chautemps et Frossard. Il fait état de télégrammes d’Herriot et du F:. Léon Blum, du F:. Violette, du F:. Dormoy, du F:. Gasnier-Duparc, etc… Toute la maçonnerie, quoi !

Maroselli était-il patronné par le Front popu, oui ou non ?

Il reçoit ensuite le ministère tout entier. Daladier en tête, entouré des FF:. Chautemps, Sarraut, Delbos, Cot, Jean Zay, de Tessan, Liautey et Mauguière.

Et, dans ses discours, le Maroselli de flatter le Blum, se saluer le Chautemps, de lécher le Delbos, de se mettre à plat ventre devant le Cot, d’inonder de salive et les autres petits pourris de l’assemblée.

Jusqu’au cou, il était Front popu, le Maroselli !

Il avait du reste commis pas mal de dégâts dans la région : le pillage de l’Hôtel du Lion Vert par ses bandes, le défilé, poing tendu et drapeau rouge, dans les rues de Vauvillers, l’implantation de 5.000 communistes espagnols en Haute-Saône à la place des travailleurs français, contre l’avis défavorable du général commandant la région, etc., etc…

Ce n’est pas le plus important.

En février 1939, le Maroselli et rapporteur du budget de l’Air. Dans un rapport secret présenté au Sénat, il avoue la carence totale de notre aviation. Que fait-il publiquement ? S’oppose-t-il à la guerre ? Commence-t-il une campagne pour prévenir l’opinion ? A-t-il une attitude minimement nationale ? Point du tout.

Alors qu’il sait l’incapacité de notre armée de ses chefs, le même Maroselli félicite, dans l’ « Œuvre » du 6 février 1939, Daladier le nul. Il ose écrire que la France possède l’armée et la cuirasse qui lui permettraient de repousser toutes les agressions (sic).

Maroselli savait ! Non seulement il n’a rien dit ! Il a encouragé le peuple français à se faire massacrer pour rien, sans armes.

Le 4 juin 1940, en pleine débâcle, il scribouillait encore un article ridicule sur la fabrication de nos chars d’assaut, dont il avait également la responsabilité devant le Sénat.

Ensuite, comme nous l’avons dit, il fuyait.

Et c’est ce personnage qui, abusant de la confiance du maréchal Pétain, s’est faire renommer maire de Luxeuil !

C’est ce pitre, ce menteur, cet incapable et ce responsable de nos malheurs qui a osé grimper nos deux étages, abusant de la bonne foi et de la patience de directeur politique !

Sainte Jeanne-d’Arc, faites qu’il revienne !

Maroselli est le type même du politicien à détruire.

Il faut qu’on enseigne son nom dans les écoles comme une chose honteuse, fétide, répugnamment odoriférante.

Le Maréchal préserve désormais la France Maroselli. Nous ne marchons plus dans le Maroselli. Ne respirons plus le Maroselli. Évacuons le Maroselli.

Au Winston Churchill, Maroselli !

Ce fumier républicain ne peut servir qu’à engraisser la terre le jour où le peuple, lassé d’attendre Riom, se fâchera.

Paul Riche