Cinéaste, journaliste, poète, écrivain… Jean Mamy a laissé de nombreuses traces de son talent.
Élève et collaborateur de Charles Dullin, cameraman assistant de Marcel Pagnol, metteur en scène, producteur de nombreux films, homme de gauche pendant les années 30, haut dignitaire franc-maçon (il sera vénérable de la Loge Ernest Renan de 1931 à 1939), Jean Mamy basculera au moment de la défaite de 40 en opposant vindicatif au communisme, dénoncera violemment la franc-maçonnerie (il fut le réalisateur du film anti-maçonnique Forces occultes dont Jean Marquès-Rivière fut le scénariste) et manifestera un antisémitisme de plume des plus odieux en tant que rédacteur en chef des journaux collaborationnistes L’Appel et Au Pilori.
Jusqu’à son arrestation et son incarcération, Jean Mamy a principalement œuvré dans :
Le cinéma
(acteur, monteur, réalisateur, producteur… et même syndicaliste)
La presse antisémite
(des éditoriaux et des articles incendiaires)
puis, de sa cellule de Fresnes, il a fait chauffer sa plume et a produit des quantité de pages inédites :
des pièces de théâtre
des poèmes et des contes
des essais et des caricatures
un roman autobiographique,
prélude de son testament politique.
une correspondance
dont l’intimité se mêle aux commentaires culturels, littéraires, historiques et n’exclut pas la vision politique.historique comme en témoigne l’extrait ci-dessous du premier courrier qu’il adressa à ma mère au lendemain de sa condamnation à mort :
« Il est vrai que tout ce que nous avons prédit se réalise peu à peu ou s’entrevoit.
L’Europe, dominée par le peuple le plus fort, le plus méthodique, le plus froid : l’Allemand avec qui le Français doit cohabiter et plus encore s’allier intimement
s’il ne veut pas être détruit d’un revers de coude.C’est ainsi.
Nous serons, ou nous aurons été, les champions d’une cause d’avenir.
Je crois de plus en plus à cette fusion européenne, d’autant plus que l’Angleterre ne joue plus son rôle qui était de diviser et de fédérer.
Si l’on veut éviter l’Asie à Brest, il faut faire l’Europe sur les Carpates et plus loin encore si possible. »
Jean Mamy
Fresnes, 2 janvier 1949