JR à JM (49/03/22)

Mardi 22 Mars 1949

Mon chéri,

Reçu ce matin ta lettre du 20. « Ton départ dans une expérience si belle, si fructueuse… Tes tas de projets… Réalisables ; Et combien plus intéressants que la politique »… Je n’aime pas du tout ça. À tout prendre, je préfère encore que tu fasses de la politique. Mais à l’avenir, j’en ferai avec toi. Pour veiller à tes actes et freiner tes excès. Écouteras-tu mes conseils ? Je crois que oui. Je crois même que tu seras devenu si raisonnable, que je n’aurai à t’adresser aucune critique.

Rien de nouveau ce soir. « Le Président souffre d’une légère congestion pulmonaire. Il garde la chambre et ne reçoit aucune visite. Son état n’inspire pourtant pas d’inquiétude sérieuse à son entourage ».

C’est énervant ! Je voudrais bien qu’on en finisse avec cette menace, et qu’on puisse, tout tranquillement, se préoccuper de réduire les T.F. en 20 ans, puis en 10 ans, puis en… « C’est fini ! Bonjour ! Me Voilà ! Oubliée, la vilaine histoire ! Où est Catherine ? Vite ! Pensons-y. Allo ! Allo ! Bureau – Métro – Concerts – Poker – Contrats – Agenda – Rendez-vous – Travail fou – Échéances – Redevances – Additions – Soustractions … Déceptions !… mais, Amour – Toujours ».

Que penses-tu de mon petit poème à la manière de… ? Tu vois que je ne manque pas de talent ? Et si je voulais, j’en écrirais comme ça aussi long que toi. Et c’est pas si mal ! À le relire, je trouve même ça très bien. Je vais songer à le faire éditer.

Je te dis bonsoir, Mon chéri. J’aimerais tant t’avoir près de moi. Un peu de patience encore. Nous avons tout de même bien mérité les beaux jours que nous nous promettons depuis 4 ans ½. Mais le plus gros est fait. J’en suis sûre. Heureusement.

Gros baisers. Mon chéri.

JR

Je t’ai envoyé ton mandat hier. Géranton a reçu une bonne lettre de toi. Il m’a téléphoné ce soir.